Délos

Notre première escale est prévue à Delos, à 36 miles nautiques (68 kms) de Paros. Delos est une île microscopique (3,5 km2), mais qui a eu, aussi surprenant que ce soit, un rôle très important dans l’antiquité, notamment au niveau religieux ; peut-être parce qu’alors on y trouvait de l’eau, ce qui n’est plus vrai aujourd’hui. Bien desservie par la mer à cette époque, elle ne reçoit plus aujourd’hui que les bateaux qui, comme le nôtre, amènent leur contingent de touristes (fort modeste, dans notre cas) en visiter les ruines; ce qui fait qu'elle est presqu'inhabitée aujourd’hui, si on fait abstraction des quelques gardiens, chercheurs et autres archéologues qui s’y relaient. Il y a bien une petite jetée, mais inaccostable par la majorité des bateaux de croisière; malgré notre tirant d’eau, et grâce à une quille quasi-inexistante, nous arrivons à pénétrer dans la baie où nous mouillons l’ancre, non sans en caresser légèrement les fonds.On a du mal à imaginer que Délos ait pu être un des ports les plus actifs de l’antiquité !

Surtout célèbre aujourd’hui pour sa terrasse des lions (il paraitrait même que ce soit des lionnes, mais je ne pourrais pas confirmer, n’étant pas vraiment un expert en sexe de statues antiques ;-) – pas plus qu’en gros chats d’ailleurs !), Délos est réputée avoir été le lieu de naissance d’Apollon (dieu de la clarté du soleil) et sa jumelle Artémis (déesse de l’éclat lunaire), ainsi que le plus grand centre commercial du monde antique. Ces 9 lions de marbre dont il ne reste plus que 5 en place, étaient censés assurer à l’île une protection contre ses ennemis. Longtemps sous le protectorat d’Athènes, avant d’être frappée par une incompréhensible interdiction d’y avoir des naissances ou des décès, on y trouve les ruines, impressionnantes, d’une ville entière, celles de plusieurs temples, des vestiges de mosaïques, quelques statues et un musée assez intéressant à ce qu’on m’a rapporté, bien qu’une partie du site ait été pillé par les musées européens. Sa richesse a été à l’origine de son déclin, l’île ayant été victime de nombreux pillages et de la convoitise de plusieurs congrégations qui en ont pris successivement le contrôle.

Pendant que certains crapahutent en plein cagnard sur le site, d’autres, dont votre serviteur, se la coulent douce en faisant une sieste suivie d’une petite bière grecque, une Mythos bien évidemment, toujours aussi délicieuse…

Nous ne pouvons rester dans la baie car elle n’offre aucune protection et que la météo se dégrade lentement (un coup de vent est prévu pour dans 2 ou 3 jours) ; il nous faut donc déjà repartir. Avant de lever l’ancre, nous prenons le temps d’un déjeuner typiquement grec, cuisiné par Panagiota (je ne suis pas sûr du prénom, mais je me souviens qu’il était compliqué et celui-là me plait bien). La remontée de l’ancre, lourde et mal profilée, est une opération longue, 20 mn environ, et qui semble demander un effort surhumain à l’énorme machinerie qui tient lieu de guindeau (un guindeau capable de remonter les deux chaines du caïque simultanément, mais très lentement). Cette délicate opération terminée, nous pouvons mettre le cap sur Mykonos où nous arrivons bientôt, les deux iles étant à faible distance l’une de l’autre.