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Madoukera au fil des vagues...
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7 juin 2016

Caïque « Aegeotissa »

2016

Nous embarquons au Pirée, le port d’Athènes, pour rejoindre l’île de Paros où nous attend la cabine qui sera notre « havre de paix » pendant la semaine à venir sur le caïque « Aegeotissa ». Du pont du ferry qui nous emmène, nous avons une dernière vision de la ville, peut-être un peu moins sinistre que notre impression précédente, car vue de haut (le pont passager est au sixième étage du ferry) et de loin, on ne perçoit plus la crasse et on n’entend plus l’incessant vacarme ambiant ; de plus, la présence de l’eau autour de nous, toujours aussi bleue, apporte déjà une petite touche d’exotisme à laquelle nous ne sommes pas insensibles… En sortant du port, nous sommes surpris de voir, sur le même quai que ceux qui sont en service, un ferry échoué, avec une gite de 40°, que manifestement personne ne pense à retirer de là. C’est un spectacle assez affligeant qui ne donne pas vraiment confiance dans nos chances d’arriver à bon port ;-) d’autant que ça me remet en mémoire deux anecdotes :

2016

-       La première c’est que, lorsque je suis allé pour la première fois en Grèce en 1969, j’avais embarqué à Igoumenitsa, bourgade au nord-ouest de la Grèce, sur un pseudo ferry -il n’avait de ferry que le nom, étant en fait un ancien cargo recyclé- le «SS Rumba», pour rejoindre Otranto à la pointe sud de l’Italie. Ce bateau était si rustique qu’il n’avait même pas d’ouverture aménagée pour le passage des véhicules et que les voitures devaient monter directement sur le pont en passant sur un invraisemblable assemblage de planches qui pliaient et ripaient sous le poids du véhicule, chaque fois que l’une d’elles en faisait l’ascension. Tellement en mauvais état et tellement rouillé qu’il a coulé l’année suivante provoquant une centaine de noyades, sans que ça émeuve grand monde : était-ce un signe des temps ou parce qu’Otranto est en Calabre, l’un des fiefs de la mafia…

-       La deuxième, c’est que lorsqu’ on est passé au large du Pirée en 1984, on avait été surpris de longer un cimetière à bateaux : on en avait compté plus de 500, alignés en groupes compacts d’une vingtaine de cargos chacun, amarrés à couple, encore en état mais désarmés. Il s’agissait de tous les cargos construits au format du canal de Suez pour de riches armateurs grecs; ils avaient été abandonnés là lors de la fermeture du canal au profit d’unités beaucoup plus importantes, taillées pour passer le cap de Bonne Espérance, au sud de l’Afrique : c’était un spectacle d’apocalypse qui nous avait rempli de tristesse. Aujourd’hui, ce cimetière ne semble plus là, soit que les cargos ont été réarmés depuis la réouverture de Suez, soit qu’ils ont été vendus au prix de la ferraille, soit qu’ils ont été coulés au large…

2016

Après un peu plus de 100 miles parcourus en un peu plus de 4 heures (le ferry est 4 fois plus rapide que nous en voilier !), nous arrivons à Paros où nous attend le caïque pour nos premiers pas dans les Cyclades. Le caïque « Aegeotissa » est un ancien caboteur de 34 m, en bois, qui faisait autrefois l’approvisionnement des îles et qui a été transformé pour des croisières à la cabine. Il en  comporte une dizaine pour les passagers, les 6 plus grandes dans la coque, prévues pour deux ou trois personnes, et les 4 plus petites sur le pont, prévues pour une ou deux personnes. La nôtre est une cabine traversante, la salle d’eau avec un hublot sur tribord et la partie chambre avec deux hublots sur bâbord. Les aménagements sont plus grosso que modo, la recherche du gain de poids n’ayant manifestement pas été la préoccupation majeure des architectes (clin d’œil à notre architecte naval préféré !), ni l’aération d’ailleurs. Les hublots ronds sont tout petits, ne peuvent s’ouvrir qu’à moitié (et encore à l’aide d’un pince) et ne doivent pas rester ouverts en navigation, sous peine d’avoir les couchettes copieusement douchées, comme ont pu le constater pendant la semaine certains autres passagers. Il y fait une chaleur étouffante et il y flotte une bonne odeur de gasoil à laquelle on finit cependant par s’habituer.

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Une fois installés, nous faisons connaissance avec les autres passagers, une quinzaine en tout, pratiquement tous retraités (ça ne nous rajeunit pas) et avec les membres d’équipage. L’équipage est constitué de 5 membres : le capitaine, un mécanicien (au profil grec forgé dans le marbre, plus vrai que nature) et un matelot pour la marche du caïque, plus une cuisinière pour préparer les repas prévus dans la demi-pension (qui est d’ailleurs la femme du mécanicien) et une serveuse-femme de chambre (qui n’est pas grecque mais russe, qui est la femme du capitaine et en plus la seule fille avenante du bord). A cela se rajoute l’hôtesse, la seule à parler français (pas très bien d’ailleurs pour une personne qui était… professeur de français (on comprend en l’entendant que le français se soit perdu dans l’enseignement grec au profit de l’anglais ces trente dernières années). Quand on parle d’hôtesse sur un bateau de croisière, on imagine une jeune et jolie fille agréable à l’œil et toujours prête à rendre service, tant aux passagers qu’à l’équipage ; ce n’est pas du tout le cas de la nôtre qui est retraitée, de constitution « traditionnelle » (donc petite et grosse), autoritaire, se déplaçant avec difficultés et sans aucune connaissance des contraintes de la mer… Pour ceux qui s’imaginaient déjà allongés sur le pont, massés par une naïade souriante, disponible et faisant tinter dans un verre les glaçons rafraichissant un cocktail savamment dosé, c’est raté (snif !). Le seul avantage de la nôtre c’est qu’elle parle français, a une bonne connaissance de l’histoire qu’elle nous fait partager (quand elle ne la biaise pas du fait de sa haine des turcs).

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Caique

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