Golfe de Corinthe (Κορινθιακός κόλπος – Korinthiakόs Kόlpos)

De Nauplie pour nous rendre à Delphes, notre prochaine étape, nous ne choisissons pas le plus rapide, puisque nous décidons de faire le tour du golfe de Corinthe par l’ouest. Nous faisons ce choix car nous souhaitons revoir le canal de Corinthe, découvrir le pont de Patras, retourner à Naupacte (Lépante) et Galaxidi avant de poser nos sacs à Delphes.

Canal de Corinthe (Διώρυγα της Κορίνθου)

Arrêt incontournable, le coup d’œil sur le canal de Corinthe vaut véritablement le détour, tant il est impressionnant ! Nous ne pouvions pas passer à côté de cet ouvrage titanesque qui ne fut pas un précurseur, puisque le percement d’autres canaux comme Suez et Panama était déjà entrepris, mais qui n’en reste pas moins admirable. Il faut dire que vue d’en haut, à partir d’un des ponts qui l’enjambe, on a l’impression de surplomber une crevasse. Quand on pense en plus aux peu de moyens dont on disposait à l’époque de son percement (fin du XIXème siècle), des hommes et des pelles, on ne peut qu’être admiratif d’avoir obtenu un tel résultat : un gouffre large de 24,60 m et profond de 52 m. L’idéal, c’est d’être présent au moment du passage d’un navire d’une vingtaine de mètres de large qui ne manque pas de laisser un peu de sa peinture sur les bords du canal. Nous n’avons pas eu cette chance cette année, mais nous l’avions eue lorsque nous étions venu avec mes parents, ça renforce l‘impression d’étroitesse et fait parfois dresser les cheveux sur la tête… Lorsque nous l’avons emprunté avec notre voilier « Vent Di Damo » qui ne faisait que 3m22 de large, ça ne donnait pas la même impression d’étroitesse, mais ça nous avait permis d’apercevoir une autre curiosité : sur toute la longueur du canal, il y a régulièrement des petites alvéoles disposées en lignes verticales. Ce sont en fait des genres d’échelons qui permettaient aux ouvriers de remonter sur la rive pendant le creusement !

Pont de Rion-Antirion (Γέφυρα Ρίου-Αντιρρίουp)

Après avoir supporté les nuages de poussière -qui s’élèvent des quelques 130 kms d’une autoroute en construction permanente- pendant plus de deux heures, temps nécessaire pour les parcourir en longeant la rive sud, nous arrivons enfin en face du pont qui sépare maintenant le golfe de Patras de celui de Corinthe. Ce pont, le pont de Rion-Antirion, a eu l’éphémère privilège en 2004 d’être le pont haubané avec le plus long tablier du monde, avant qu’il ne soit détrôné quelques mois plus tard par le viaduc de Millau, lui-même détrôné en 2013 par le pont chinois de Jia-Shao. C’est incontestablement un très bel ouvrage dont le haubanage fait penser à des voiles de bateau, ce qui ne peut que nous séduire. Il est dommage toutefois que le coût de son franchissement (près de 15 €) donne une douloureuse occasion de s’en souvenir. Doit-on pour autant être nostalgique du temps où l’on empruntait le bac, ce que nous avons fait lors de notre précédent passage ? Sans doute pas, le temps gagné étant tout de même appréciable…

Naupacte (Ναύπακτος Nafpaktos)

Une fois sur la rive nord, nous retrouvons enfin une route à taille humaine qui serpente dans la campagne grecque en épousant les contours du relief. Bordée de cyprès, c’est une route agréable qui nous conduit à Naupacte (ou Lépante, le nom de la bourgade à l’époque vénitienne). Naupacte est un petit port fermé fortifié par les vénitiens où nous avions pu faire une brève escale lors de notre précédente visite du fait du petit tirant d’eau de notre voilier, un dériveur lesté qui ne calait que 0,90m dérive haute. Nous y recevons pendant un quart d’heure nos premières gouttes de pluie, une pluie très rare puisque ça aura été la seule journée de pluie de notre séjour. Mais comme la loi de Murphy (autrement dénommée « loi de l’emmerdement maximum ») ne demande qu’à être vérifiée, c’est après être sortis de la voiture et nous être mis en quête d’une taverne avenante que nous avons la « chance » de nous faire tremper. Nous y mangeons une salade grecque qui aurait pu suffire pour quatre -enfin, surtout moi J-, à l’ombre d’un grand arbre aux fleurs bleu-lavande, peut-être un Jakaranda. Fermé par deux tours imposantes, le petit bassin abrite fièrement son lot de barques de pêche colorées. Naupacte, c’est aussi la patrie de Cervantès, comme le rappelle une superbe statue de bronze sur le port.

Galaxidi (Γαλαξείδι)

Blotti au fond d’une calanque, en contrebas d’une route dont il est invisible, le petit port de Galaxidi est un bijou dans son écrin. Il n’y a qu’à voir l’indolence des plaisanciers qui y ont relâché… Le temps lui-même semble arrêté : les embarcations de pêche amarrées l’étrave au quai et l’arrière sur un corps-mort (ou parfois une ancre) dodelinent mollement au rythme d’un reste de houle. Les filets qui ne sont pas embarqués trainent sur le quai en attente d’une hypothétique réparation. Les pêcheurs, assis sur un pliant de toile devant leur bateau, à l’abri d’un parasol, devisent entre eux d’une voix endormie en égrainant leur komboloï, peut-être dans l’espoir d’un miracle à venir, bien qu’en dépit de la ressemblance avec un chapelet, le komboloï ne soit qu’un objet païen de détente. Entre le quai et la falaise abrupte, une succession de tavernes traditionnelles, toutes plus alléchantes et colorées les unes que les autres permettent à quelques gourmets de profiter de l’ombre rafraichissante de leur treille ; dommage que nous ayons déjà déjeuné. L’une des rares échoppes qui ne soit pas une taverne est un petit shipchandler, malheureusement fermé à cette heure propice à la sieste, car ça semble un tel capharnaüm qu’il ne peut renfermer que des trésors. Quant à l’eau, elle est d’un tel bleu et d’une telle transparence que pour la première fois de notre périple nous ressentons l’envie de nous baigner ! Mais l’indolence nous a aussi atteint et nous remettons à plus tard…

 

Comments

[Rochelle]

Il y a 2 ans Drew et moi avons visite une partie de la Grèce, le Canal de Corinthe et le Pont de Rion Antirion étant deux cites que nous avons beaucoup admires quoique

je ne me souviens pas d'avoir eu a payer une telle somme pour traverser le pont

puisque nous étions en bus. C'etait très beau et j'en ai garde un très bon souvenir. Je vous souhaite bonne continuation. Bisous, R.