Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Madoukera au fil des vagues...
Madoukera au fil des vagues...
Publicité
Archives
Newsletter
10 février 2015

Retour dans les alizés - back to the trades winds.

IMG_2958

Samedi 07 février 2015 "Madoukera" vient de quitter son port d'attache de Pointe à Pitre pour rejoindre les Saintes. Délaissé, pas même nettoyé, pendant la longue escale qui a vu son équipage tomber de Charybde en Scylla, d'égoïsme en obscurantisme, de reproches en rejets, d'interprétations fallacieuses en cyniques accusations, d'amères désillusions en incompréhensibles trahisons, il semble heureux de pouvoir reprendre du service. Ce n'est qu'une modeste navigation, mais elle est nécessaire pour une bonne reprise en main de la "bête" avant de descendre retrouver "Mikhaya" en Martinique, le bateau de nos amis américains Matt & Cindy avec lesquels nous avons navigué de concert l'an dernier de Haïti à Gosier et que nous allons accompagner un moment sur la route nord avant de plonger vers le sud, sans doute à partir des Vierges ou de Porto Rico en direction de Curaçao... Impossible de bénéficier de meilleures conditions : temps splendide, souffle léger d'un alizé en perte de vitesse (en janvier, on a eu coups de vent sur coups de vent), coque propre qui glisse gentiment sur l'eau, nous permettant de dépasser les 4 voiliers partis en même temps que nous (le roi n'est pas notre cousin !). Nous fêtons ça en sirotant le premier Mojito de cette croisière et en profitons pour pousser un petit roupillon, histoire d'oublier toutes les nuits d'insomnie que cette horrible période vient de générer, nous laissant une plaie ouverte qui aura bien du mal à se refermer,  nous donnant l'impression d'avoir passé bien des années à nourrir une chimère qui s'est évaporée entre nos doigts après qu'une vilaine fée lui ait jeté un sort !

2015

Nous mouillons dans la baie du Pain de Sucre et nous nous trouvons tout de suite plongés dans une ambiance internationale: autour de nous il n'y a que des voiliers battant pavillon étranger ! Un canadien, un allemand, un vénézuélien, plusieurs anglais, un hollandais et même... un néozélandais perdu dans les eaux de la mer Caraïbe. Nous remettons à plus tard le rangement de l'avitaillement qui s'empile au milieu du carré et nous voici dans l'eau qui est particulièrement claire et peu agitée, ce qui fait que les fonds sont très poissonneux : classiques bancs de sergents-majors et de castagnoles, poissons-trompettes, poissons-anges de belle taille... et une surprenante bourse albinos, à la peau tirant sur le blanc, striée de bandes jaune vif à peine visibles et tachetée de fins points noirs: superbe apparition, surtout quand on connaît la nage très particulière de cette espèce. De retour au bateau, bien qu'il soit encore tôt, nous décidons de dîner sur le champ, ce qui nous permet de bien profiter de la flamboyance de notre premier coucher de soleil à bord avant de céder à l'épuisement.

A 4h du matin nous sommes debout: il est toujours aussi difficile de trouver le sommeil, mais nous espérons pourtant que cette croisière nous permettra de sortir de l'état de profonde dépression dans lequel nous avons sombré, conscients que ça pourrit la vie de ceux qui continuent à nous entourer, alors qu'ils n'y sont pour rien... La lune éclaire le mouillage d'un halot blafard qui donne cependant assez de clareté pour nous permettre de nous préparer à lever l'ancre dès que le jour poindra. Nous préférons en effet avoir un peu de lumière avant d'aborder le passage sud entre les Augustins et Grand Ilet, une passe où la partie suffisamment profonde pour notre quille n'est que d'une vingtaine de mètres. Une fois partis, le vent s'établit à force 6, ce qui nous permet d'aborder rapidement le canal de la Dominique au près à 7 noeuds de moyenne, dans une mer fortement agitée et sous la pluie; mais "Madoukera" se comporte parfaitement ! A l'approche de l'île, un étrange spectacle nous attend: un nuage d'une blancheur immaculée stationne juste au dessus d'une petite montagne dont il épouse les formes, de qui donne l'impression qu'elle est couverte de neige. De la neige sous les tropiques, c'est un scoop qui comblerait plus d'un reporter en mal de sensationnel !

DSCF1218

Pendant près de 3 heures, nous naviguons avec le bordé tribord dans l'eau, avant d'arriver sous le vent de l'île et devoir remplacer la propulsion vélique par une longue risée moteur. Ce qui nous permet de vérifier l'efficacité des travaux d'étanchéité que nous avons réalisés sur "Madoukera" avant de partir, des fuites d'eau à l'intérieur du bateau introduisant des coulées d'eau salée abimant tout au passage; nous avons d'abord soupçonné les hublots, puis les points d'ancrage des taquets, mais ça s'est finalement révélé provenir des embases de chandeliers et des points d'ancrage du portique arrière. Ce n'est qu'à Noël que nous avons nettoyé et réutilisé le bateau, et dans les derniers jours précédant notre départ initialement prévu le 1er février, du coup retardé d'une semaine, que nous nous sommes livrés aux opérations cosmétiques indispensables: changement des plateaux de la table de cockpit (merci Patrick, tu as fait un super boulot), lavage des bouts (à la machine, ça donne un très bon résultat, à condition de limiter la vitesse d'essorage : merci Martine pour cette suggestion), changement des drisses et de l'écoute de grand voile, décroisement des bosses de ris, rapiéçage du bimini, pour finir par l'indispensable carénage... Il ne reste plus qu'à monter au mât pour remettre en place la balancine de tangon que j'ai bêtement laissé échappé en la remplaçant par une trop courte et remettre un feu de hune que nous avons perdu dans un coup de vent dans la baie de Samana pour que tout soit parfait.

DSCF1247

En Dominique, nous mouillons au pied d'une falaise verdoyante nimbée d'une brume de pluie colorée en ocre jaune par le soleil filtrant, juste devant la plage de Casteway, à peu près à mi-chemin entre la Prince Rupert Bay au nord et Scott's Head qui en marque la pointe sud. C'est une plage de sable noir qui descend en pente douce vers le large, ce qui nous permet de poser l'ancre par 4 mètres de fond, non loin d'un banc rocheux que nous souhaitons explorer. Aussitôt dit, aussitôt équipés pour un safari de photos sous-marines. Nous sommes gâtés, car après avoir croisé un dragonnet, de la famille des chevaliers (étranges poissons assez rares, alternant rayures en tous sens et taches blanches sur un corps noir) et un poisson lion, nous frôlons un ange et finissons par un joli petit coffre. On recommence à trouver que la vie peut être belle ! De retour au bateau, il ne nous reste plus qu'à buller un peu en attendant que la pluie cesse, avant de s'attaquer à des tâches nécessaires mais moins enthousiasmantes: rangement et cuisine pour l'équipière et réparation du pilote et de la fixation du hale-bas de bôme pour le capitaine...

DSCF1312

Le lendemain nous faisons un peu la grasse matinée, et ce n'est qu'à 6h30 que nous décollons... Le beau temps est revenu, ce qui rend agréable la descente le long de la Dominique, accompagnés par deux petits paquebots de croisière à voile, le "Ponant", toujours aussi majestueux sous voile, sur lequel Rochelle et Drew ont visité la Méditerranée, et le "Wind Surf", sistership du "Wind Spirit", celui qui a miraculeusement brûlé à quai à Tahiti alors que la société propriétaire était au bord du dépôt de bilan puis emmené au large pour être coulé avec la bénédiction de Gaston Flosse et... avant l'arrivée des experts. La traversée du canal de la Martinique, bien qu'au près -très gité-, est un vrai bonheur, surtout quand, après une longue course poursuite, nous avons le plaisir de remonter, puis de doubler un autre voilier, pour finir par le laisser dans notre tableau arrière. On a pas du tout l'instinct régatier, donc sans finesse dans les réglages, mais ça flatte toujours un peu l'égo d'avoir une meilleure monture que son voisin ! Très rapidement nous abordons la Martinique, longeons le bourg du Prêcheur, passons au large de la ville historique de Saint-Pierre, blottie au fond de sa rade, hésitons à nous arrêter devant la plage de sable noir du Carbet car il est plus tôt que prévu et que nous avons le souvenir d'un mouillage très rouleur. Nous continuons jusqu'à Case-Pilote puis  nous traversons la baie de Fort-de-France, assez agitée, pour finir par mouiller directement à l'anse Mitan, notre point de rendez-vous, en avance d'une journée. L'anse  Mitan, c'était l'escale mythique des bourlingueurs qui y voyaient un mouillage isolé non loin de Fort-de-France, devant une belle plage bordée de monts verdoyants, uniquement fréquentée par des pêcheurs. Ce n'est plus vraiment ça aujourd'hui: ça grouille de bateaux pour la plupart statiques, la plage est saturée de restaurants ne laissant plus que de rares accès et les pêcheurs ont disparus... Même si ça n'est plus aussi idyllique qu'avant, ça reste une escale calme et agréable, à portée de navette de la ville et nous y passons une excellent première soirée à terre en compagnie de nos amis Murielle et Eric.

Publicité
Publicité
Commentaires
N
What a wonderful adventure. We are jealous as we sit here in Oregon's rainy winter.<br /> <br /> <br /> <br /> Best for a joyous holiday season and a very happy new year.<br /> <br /> <br /> <br /> Norm and Sherry Eder<br /> <br /> Portland
Publicité