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Madoukera au fil des vagues...
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12 mai 2014

RD, Beata Barahona Salinas

2014Nous finissons par nous arracher des délices de l'île à Vache pour rejoindre Saint Domingue. Nous avons devant nous quelques 130 miles à parcourir, donc une nouvelle nuit en perspective. Nous devons laisser derrière nous nos amis anglais de Shamal, victimes d'une fuite sur la pompe à eau de leur circuit de refroidissement qui les oblige à rester une semaine de plus dans l'attente d'une pièce de rechange. Mais nous ne sommes pas seuls pour autant pour cette étape, deux autres voiliers ayant choisi de partir en même temps que nous: "Kess'Ta" un Orana, catamaran Foutaine-Pajot de 44 pieds, sous pavillon français, et "Mikhaya" un autre Moody 425 sous pavillon américain. Si la première partie de la traversée, faite de jour, est plutôt agréable et nous permet de nous laisser tranquillement porter par un vent anormalement amical, il n'en est pas de même lorsque en début de nuit nous subissons pendant plusieurs heures orage sur orage, dont certains nous dardent  d'éclairs très proches et peu amicaux, accompagnés de rafales de face à plus de trente noeuds qui nous ralentissent à tout juste 3 noeuds, malgré un régime de moteur légèrement poussé. Le tout dans une mer hachée, ce qui fait que cette traversée s'inscrit au palmarès de nos pires moments en voilier, bien qu'on en ait déjà vécu de sévères.

2014C'est ainsi qu'au petit matin nous décidons de faire une escale de repos à l'Isla Beata où sommes bientôt rejoint par Kess'Ta, alors que Mikhaya continue sur Las Salinas. L'approche de l'Isla Beata nous donne quelques inquiétudes sur la réalité de l'abri que peut offrir l'île, car à un mile du mouillage la mer n'est toujours pas calmée, donc sans possibilité d'ancrage. Cependant à 500 mètres du rivage la mer se calme enfin et nous apercevons une bande côtière d'un magnifique bleu turquoise où nous pouvons mouiller en toute sécurité tout en appréciant le charme du petit village de pêcheurs qu'elle abrite. Après la nuit d'enfer que nous venons de passer nous goutons intensément le moment de repos que nous prenons en ayant dans l'idée de prendre un bon bain après la sieste. Notre repos n'est toutefois que de courte durée car nous sommes réveillés par le représentant local de l'Armada locale, accompagné d'un pêcheur, qui vient contrôler nos papiers. Ils nous servent tout un cinéma sur l'irrégularité de notre clearance de sortie de Cuba qui porte la mention Haiti et non Republica Dominicana (à l'ile à Vache le contrôle maritime ne se fait qu'une fois par trimestre), le pêcheur se faisant passer pour un représentant de la "navy". Nous percevons très vite le but de toutes ces simagrées qui n'ont pour but que d'obtenir une "propina", un pourboire que nous leur donnons en nature, sous forme d'une petite flasque de rhum cubain à l'un et du reste d'une bouteille de liqueur de cactus de Bonaire offerte à Hector qui n'a pas souhaité la garder, vu le goût assez insipide de son contenu. Ils repartent satisfaits sans remplir aucun formulaire et en nous demandant de ne pas signaler notre escale chez eux lors de notre arrivée à Barahona. Ils nous invitent à venir chercher du poisson à terre un  peu plus tard, mais une pluie battante nous en dissuade, de même qu'elle nous oblige à décliner l'offre de Hervé et Eve, accompagnés de leur petite fille Lucie, de venir partager un apéro à bord de "Kess'Ta".

2014Le lendemain nous partons pour Barahona, petit port de commerce à 35 miles au nord-nord est de l'Isla Beata où nous comptons effectuer les formalités d'entrée en RD, République Dominicaine. Nous devons d'abord tirer des bords pendant les deux premières heures pour ne parcourir que 5 petits miles avant de pouvoir longer la côté au près, puis, après le passage du cap le plus ouest, pouvoir enfin nous déhaler de travers à plus de 7 noeuds, au milieu des ordures qui enlaidissent la mer. La mer n'est toujours pas calmée, mais l'allure nous permet de mieux l'étaler, ce qui fait que nous arrivons en vue des immenses cheminées de l'usine sucrière accompagnée d'une centrale électrique qui marquent l'entrée de la baie. Le mouillage est très bien abrité dans une ria secondaire au nord du quai de commerce qui pourrait être très agréable si elle n'était jonchée de détritus  et fermée par les usines...A peine ancrés, ce ne sont pas moins de 4 officiels qui viennent à bord faire quelques paperasses et bien entendu réclamer leur propina, le sacro-saint pourboire destiné soi-disant à l'éducations de leurs enfants; aucun problème avec la clearence de sortie de Cuba, d'autant que j'ai pris la précaution de rajouter "RD" au stylo à côté de la destination initiale "Haiti". Nous nous rendons en ville faire des courses où nous sommes gracieusement emmenés sur une mobylette sur laquelle on monte à 3 personnes sur une selle prévue pour à peine 2, autant dire que ça zigzague sec en route ! La ville n'a pas de charme particulier, si ce n'est d'abriter plusieurs supermarchés relativement bien achalandés (en comparaison de Cuba) et d'un resto avec Internet ET le wifi... ça faisait longtemps qu'on l'attendait celui-là ! Dommage qu'on ait pas emporté le PC...

2014Il y a 6 bateaux sur le mouillage, trois américains, un allemand et deux français, ce qui suffit à l'encombrer copieusement. A l'invitation de Matt et de Cindy, tout ce monde se retrouve pour une' happy hour' à la mode américaine (apéritif dinatoire qui commence tôt et où tout le monde apporte quelque chose) à bord de "Micaya". Cindy et Matt sont deux informaticiens à la retraite, Cindy côté software, travaillait chez Dassaut et en a retiré une haine des français que je veux bien comprendre et qu'on s'est dépêché d'effacer; Matt côté hardware, son coup de génie ayant été d'être l'inventeur du lecteur d'empruntes digitales qui équipe maintenant la majorité des portables. Nous trouvons rapidement un point commun avec le couple qui navigue sur "Horizon", un autre des bateaux américains: ils ont hiverné à Vero Beach en compagnie de nos amis québécois Jean et Lucie sur "Sebas" que nous avons rencontré l'année dernière aux Bahamas; et quand on leur a dit qu'on avait rencontré  leurs amis américains d'"Horizon", Jean et Lucie nous ont répondu qu'au même moment ils étaient avec nos amis de "Lol" : le monde est déjà petit, mais celui des navigateurs l'est encore plus ! Le troisième bateau américain est skippé en solitaire par un convoyeur professionnel qui a un tel accent du sud que je n'ai rien compris à ce qu'il m'a raconté, ce qui fait que je ne peux rien en dire. Les allemands qui venaient de Las Salinas, notre prochaine escale, nous ont conseillé d'y arriver vers midi, car la baie est sujette à de forts coups de vent l'après-midi. Quand aux autres français de "Kess'ta", nous particulièrement apprécié leur petite fille, Lucie, une petite poupée qui nous a rendu nostalgique de nos petits enfants...

2014Forts des conseils reçus, le lendemain nous voit partir dès 6h dans le but d'arriver au plus tard à 13h à Las Salinas, baie située à 35 miles à l'est : encore une journée de moteur en perspective. En arrivant dans la passe qui permet d'entrer dans la baie, nous sommes accueillis par de violentes rafales de plus de 30 noeuds : Eole n'a pas du prolonger sa grasse matinée aussi longtemps que d'habitude... En revanche le mouillage au fond de la baie s'avère agréable et propice au farniente. Nous y retrouvons "Mikhaya" et "Kess'ta", partis en même temps que nous, et y sommes rejoint le lendemain soir par "Horizon" qui n'est parti qu'en mileu de matinée et a donc subi l'effet des rafales annoncées pendant plusieurs heures. Ils sont arrivés crevés et c'est pourquoi ils préfèrent décliner l'invitation au happy hour organisé par "Kess'ta"; c'est pour nous l'occasion de visiter un Orana 44 dont le plan comporte une extraordinaire cabine arrière propriétaire astucieusement dissimulé sous une prolongation de l'hiloire servant de sun deck: que d'évolution dans la gestion de l'espace si on le compare au Bahia 46, pourtant plus grand... Eve et Hervé ont vu les choses en grand, aussi on ne manque ni de boissons, ni de nourriture. C'est donc le ventre bien  plein qu'on se quitte pour préparer l'étape du lendemain qui va tous nous conduire à Santo Domingo. L'indispensable visite aux autorités pour obtenir un despacho valide pour l'étape suivante donne lieu à une scène plutôt cocasse : votre serviteur, ayant épuisé en vain toutes ses connaissances en espagnol pour les convaincre de nous le donner la veille au soir afin de pouvoir partir des 6h alors que leur bureau n'ouvre qu'à 8h, s'est livré à un mime qui les a suffisamment déridés pour qu'on obtienne le précieux laisser-passer !

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