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Madoukera au fil des vagues...
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24 juin 2013

Normans Cay

2013

Un nouveau saut de puce sous génois seul nous amène à Hawkbill Cay. Hawkbill signifie bec d'épervier et comme la forme de l'ile n'évoque en rien celle du bec d'un rapace, on s'attendait à voir plein d'éperviers planant au dessus de nous. Ce qui aurait très bien pu être, car on a remarqué la présence de rapaces dans les autres iles des Bahamas qu'on a déjà visité; mais rien, pas une trace de rapace : le mystère de cette appellation restera donc entier... En revanche, alors qu'on passe en annexe à côté d'un yacht  à moteur, on s'entend interpellé par un tonitruant "Vive la France"; j'entreprends donc la conversation avec son capitaine en ânonnant dans mon anglais approximatif et après quelques phases péniblement échangées, j'ai la surprise d'entendre mon interlocuteur continuer la conversation dans un français impeccable... J'apprends ainsi que c'est un vénézuélien qui connait très bien Pointe à Pitre car il a travaillé pour la Liat (la compagnie aérienne phare des British West Indies); quand je le complimente pour la qualité de son français, il me répond en m'affirmant que le français étant très proche de l'espagnol, ça n'a présenté aucune difficulté pour lui de l'apprendre. Je n'ose pas lui dire que j'essaye d'apprendre l'espagnol et que je ne trouve pas ça si simple, loin s'en faut...Certains sont doués pour les langues et d'autres non ! Le mouillage est très rouleur et la visite de l'ile et des fonds ne nous enthousiasmant pas outre mesure, on décide donc d'aller voir un peu plus loin. L'île suivante est Shroud Cay dont le principale attrait est la visite de la mangrove; comme on ne peut malheureusement pas s'arrêter partout, on décide de faire l'impasse et de monter jusqu'à Normans Cay, juste après la sortie du parc des Exumas.

2013

Le vent nous pousse à gentiment à plus de 7 noeuds, toujours sous génois seul, ce qui fait que nous arrivons en moins de 2 heures au mouillage. Nous sommes maintenant habitués à avoir entre 2m50 et 3m sous la quille, le seul problème à gérer pour éviter le stress étant d'éviter la marée basse, car avec 1m de marnage, c'est insuffisant pour nous qui avons 1m70 de tirant d'eau. Nous en avons d'ailleurs fait l'expérience en rentrant à Hawkbill où nous avons pu vérifier que notre sondeur était parfaitement étalonné, car quand il a affiché 1m70, on a gentiment caressé les fonds, heureusement en sable mou ce qui nous a permis de continuer notre route non sans avoir donné un peu plus de puissance au moteur. 

Quand nous arrivons au mouillage il y a déjà un voilier, battant pavillon canadien, un Oceanis 400 qui est la version précédente du notre. C'est ainsi que nous faisons connaissance de Lucie et Jean, sur "Sebas", deux jeunes retraités québécois (54 et 57 ans), avec lesquels nous nous sentons immédiatement en phase. Ils naviguent du Québec à Grenade depuis plusieurs années déjà, leur statut de fonctionnaires leur ayant permis de prendre très tôt leur retraite. Ils sont manifestement très heureux de cette vie qui les comble et n'envisagent plus que de retourner que très rarement au Québec, uniquement pour visiter la famille et seulement l'été pour ne plus avoir à sentir le gel sur leurs mains. Leur terrain de jeu va de la Floride aux Bahamas où il peuvent s'attarder plusieurs jours sur chaque mouillage parfois même un mois complet (ils étaient déjà depuis 10 jours à Normans Cay quand on les a rencontrés), et ainsi d'avoir le temps d'en explorer tous les recoins. Concernant Normans Cay, ils nous parlent de la beauté du grand lagon intérieur où ils viennent de voir deux requins s'accoupler dans quelques centimètres d'eau et nous conseillent de le visiter.

2013

Quand on leur explique qu'on a bien repéré ce lagon sur la carte à 3-4 miles du mouillage, mais qu'on a renoncé à l'explorer car il est bien entendu impossible de songer à y pénétrer avec Madoukera du fait qu'il y a un seuil à 0,70m et qu'il est hors de notre portée en annexe du fait de la faible puissance de notre hors bord, ils nous proposent immédiatement de nous y accompagner le lendemain. Nous ne savons comment les remercier, si ce n'est autour d'un punch... On en apprend un plus sur le relations complexes entre le Québec et le Canada, les québécois souhaitant tout à la fois leur indépendance, mais ils aimeraient aussi, depuis qu'il a été découvert du pétrole en Alberta (un des états canadiens anglophones) en faisant la deuxième réserve mondiale derrière l'Arabie saoudite, pouvoir profiter du gâteau; d'autant que jusqu'alors le Québec comptait jusqu'alors 80% des ressources pour 20% du territoire et a largement apporté sa contribution aux états anglophones; complexe, vous avez dit complexe ? Comme a dit un homme grand, à défaut d'être un grand homme : Vive le Québec libre ! Le lendemain on voit arriver Lol sur le mouillage et Jean propose qu'on organise un sommet de la francophonie : 3 voiliers au mouillage dans une baie des Bahamas anglophones, 100% de francophones... 

2013

Jusqu'à il y a fort peu de temps, si j'ai bien compris ça daterait de moins de dix ans, Normans Cay était un repaire de contrebandiers; cette tradition daterait de la prohibition et, de conversion en modernisation des pratiques, aurait connu ces dernières années son apogée avec le trafic de drogue... Ceci pour expliquer que, en plus des merveilles de ce lagon difficilement accessible, on puisse rencontrer, au détour d'un étroit goulet caché dans la mangrove, une petite habitation manifestement abandonnée qui donne envie de s'y retirer loin (très loin même) du monde; sûr qu'il ne faudra pas avoir oublié son ouvre boite quand on s'y cachera, n'est-ce pas Thor ? (pour mes références à deux balles, voir l'expédition du Kon Tiki par Thor Heyerdahl). Quant aux merveilles que Dame Nature a largement semés dans ce lagon, ça commence, en remontant du sud au nord, par la découverte d'une carcasse d'avion échouée, en partie découverte à marée basse; d'après Jean, il y sûrement eu plus de perte en came qu'en vies humaines. Nous pénétrons ensuite dans la partie du lagon qui compte moins de 30 cm d'eau à marée haute; elle nous enchante par ses tons presque blancs où scintillent des reflets de lumière cristalline: magique ! Puis nous abordons une plage de sable immaculé, tellement fin qu'on s'y enfonce parfois jusqu'à mi mollet, un peu comme dans des sables mouvants. On arrive alors dans une zone de mangrove qui nous fait passer devant ce qui devait être un repaire de contrebandiers; on laisse un peu courir notre imagination et on finit par s'étonner de ne pas trouver un drapeau de flibustier flottant fièrement en haut d'un mât... On longe ensuite des grottes taillées par la mer dans le calcaire d'îlots rocheux  qui auraient bien pu servir à cacher quelque marchandise illicite. Et on termine en arrivant à une sorte de lac où la présence d'une bouée de corps-mort laisse penser qu'un jour un marin téméraire a bravé la passe d'entrée à peine large  de 5m et aux eaux franchement tumultueuses, qui fait arriver droit sur un banc de sable avant de pouvoir accéder aux profondeurs de 2 à 3m du petit lac. Tout ça est magnifique et rivalise de beauté avec ce qu'on a vu à Warderick Wells, mais sans doute en plus confidentiel, puisque plus difficilement accessible. On a en plus l'impression d'être des Robinsons, même si on n'est que mardi :-) On n'arrivera jamais à remercier assez Lucie et Jean de nous avoir permis de faire cette découverte, qui plus est agrémentée de leur si plaisante compagnie !

 

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