Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Madoukera au fil des vagues...
Madoukera au fil des vagues...
Publicité
Archives
Newsletter
7 avril 2014

Isla de la Juventud

2014Au départ de San Felipe, nous sommes face à un dilemme: soit tenter le passage par le nord en route directe sur Nueva Gerona, la ville principale de la Isla de la Juventud, à quelques 50 miles de là, soit passer par la marina de Siguanea, au sud-ouest de la Juventud, qui n'est qu'à 35 miles de là mais nous rallonge d'autant. C'est la direction est-sud-est du vent qui décide en dernier ressort, ainsi que le peu de carburant qui nous reste: la route nord nous est interdite, car impossible à faire en direct, même au près très serré, du fait des nombreux hauts fonds qui parsèment le trajet et également impossible à faire au moteur car nous n'avons plus de disponible qu'un quart du réservoir, déjà complété de nos 2 bidons de réserve, quantité trop juste pour tenter 50 miles. Notre prochaine escale sera donc Siguanea que nous atteindrons en louvoyant au près et en parcourant bien-entendu 15 bons miles de plus. C'est ainsi que partis à 8h, nous arrivons dix heures plus tard en vue de la marina qui nous est théoriquement inaccessible car d'après notre guide nautique, lors d'un récent cyclone un seuil s'est formé dans son entrée réduisant l'accès aux tirants d'eau inférieurs 1m50. A tout hasard on rassemble toutes nos connaissances en espagnol et préparons une belle phrase que nous énonçons à la VHF à l'attention du capitaine de port, juste 5 minutes avant qu'ils ne parte. Nous ne comprenons rien à sa réponse, n'arrivant pas à définir si à notre question concernant le tirant d'eau que nous annonçons à 1m80 pour prendre une petite marge (en fait 1m70) il a répondu "impossible" ou "es possible". Nous réessayons en anglais cette fois et comprenons que c'est possible. J'essaye de me guider sur les quelques piquets que je vois, ainsi qu'en évitant les zones plus claires, et me fait pas mal de cheveux blancs (il parait que ça ne peut plus se voir dans mon abondante tignasse -blonde-) quand la sonde remonte à 1m80, puis 1m70 et enfin à 1m60 en même temps que le bateau ralentit, mais continue quand même à progresser, sans doute en faisant son sillon dans un mélange de sable et de vase. D'un coup ça repasse à 2m et je suis soulagé; c'est alors que je vois le capitaine du port sur le quai d'en face qui fait consciencieusement de grands gestes avec les bras pour m'indiquer où passer, mais que je n'ai malheureusement pas vu quand j'en aurai eu besoin pendant mon slalom entre les piquets que je ne savais pas très bien de quel côté laisser...Renseignement pris, on est passé où il fallait, donc pas de regrets à avoir (ceci dit, je doute que nous ayons pu rentrer avec effectivement 1m80) !

2014La marina de Siguanea, est la première depuis celle de la marina Hemingway qui soit autre chose qu'une jetée dans la mer déjà occupée par les bateaux de plongée locaux: elle est constituée d'un petit bassin avec un quai pour les bateaux locaux, un ponton flottant pour les bateaux de passage qui peut accueillir royalement jusqu'à deux bateaux comme le nôtre (à condition de se serrer un peu) et offre en théorie les services d'eau et d'électricité; pour l'électricité on en parle pas, vu qu'il n'y a plus de courant sur les prises; pour l'eau, on a réussi à avoir un petit filet pendant une heure qui s'est vite tari avec l'arrivée de la nuit. En dehors du bureau du port, 5 employés quand même, d'une unité de 12 hommes la guardia frontera parqués plus que logés dans une caserne rudimentaire ornée d'un portrait du Che (20 jours sur site et 10 jours chez eux) et la case du gardien, nécessaire car la marina ferme la nuit, il n'y rien autour, ni restaurant, ni boutique. Après avoir questionné dans notre espagnol balbutiant l'aimable chef de la guardia frontera, nous apprenons que tout ce monde est bien utile pour les 25 à 30 bateaux qui passent ici chaque année: nous ne nous étonnons plus d'y être seuls. Il est vrai toutefois que chaque jour ils passent une bonne heure à remplir des formulaires au départ de chacun des deux bateaux de plongée qui dépendent de l'hôtel Colony, à 2 kms de là, ce qui leur permet de recevoir le carburant nécessaire. On profite de l'escale pour faire le plein de carburant, car outre le fait qu'on est presque à sec, on nous a parlé d'un coup d'état en cours au Venezuela qui risque fort d'obérer l'approvisionnement en carburant de Cuba; mais il semblerait qu'il ait échoué et que tout soit rentré dans l'ordre... on en saura plus lorsque on aura accès à Internet.

2014Nous décidons que plutôt que de nous arrêter pour visiter Nueva Gerona, il serait mieux de prendre le bus pour nous y rendre et y passer la journée; nous interrogeons en ce sens le capitaine du port qui transmet au guarda frontera qui transmet au gardien qui nous dit avoir arrangé ça et qu'on part d'ici à 9h le lendemain. Notre espagnol doit être franchement défaillant, car à 9h le lendemain, ce n'est pas un bus qui nous prend en charge mais un taxi qui n'est autre que le minibus qui fait la navette entre l'hôtel et la marina pour y amener le contingent de plongeurs du jour. Cependant après l'avoir questionné sur le prix, il ne nous demande que 25 CUC par trajet pour 45 kms, ce qui nous parait très raisonnable, d'autant plus qu'on est dimanche. En chemin il joue en plus le rôle de guide nous montrant successivement la maison où logent Fidel et Raoul quand ils viennent dans l'île (une modeste case d'ailleurs), puis les écoles qui ont été construites en 1978 pour initier de jeunes africains à la culture des agrumes (on en a vu plus de 12  du même type sur le trajet, une par pays, comme par exemple la première qu'on voit  abritait des jeunes du Mozambique). Ces écoles, qui sont à l'origine du changement de nom de l'île qui avant 78 s'appelait l'île des pins (on ne sait pas trop bien pourquoi, car après y avoir parcoure plus de 100 kms on en a pas vu un seul), sont constituées de deux longs bâtiments sans âme de 3 étages, tout à fait sur le modèle de nos collèges, et sont aujourd'hui tous abandonnés faute de ressources, ce qui fait qu'ils tombent en ruine, de même que les cultures, ce qui fait qu'on ne trouve même plus d'agrumes à acheter dans l'ile.

2014En chemin, notre chauffeur nous propose pour 20 Cuc de plus de prendre une route de traverse en latérite (si on peut encore appeler ça une route tellement elle est défoncée) pour aller voir un jardin botanique de plantes médicinales, Jones Jungle, où on pourrait voir des singes (monos) et des crocodiles (cocodrilos), ce que nous acceptons. En fait de singes, il n'y en a que 2 en cage, et concernant les crocodiles on nous emmené là où on peut les voir, mais seulement la nuit ! Ca nous aura toujours fait une agréable promenade dans la "jungle", même si on a peu le sentiment de s'être fait avoir... Si elle s'appelle "Jones", c'est que la propriété a été aménagée (sommairement s'entend) par un couple d'américain dont le mari a été tué accidentellement pendant la révolution et la femme 20 ans plus tard par un prisonnier évadé. En approchant de Nueva Gerona, et après avoir dépassé un groupe de petites montagnes de marbre -la sierra-, nous faisons un petit détour pour voir la prison "Model" où Fidel a été incarcéré après sa tentative avortée de prise d'une caserne; c'est un groupe de bâtiments ronds et de couleur ocre jaune qui sont aussi abandonnés et renferment un petit musée que nous n'avons pas senti l'utilité de visiter. Cette prison doit être un don des américains à Batista, car à l'époque où elle a été construite, ils occupaient la majorité de l'ile dont ils avaient réussi à expulser tous les cubains...

 

2014Tout au long de la route nous n'avons pas croisé plus de 5 ou 6 véhicules, mais en revanche nous avons souvent doublé ou croisé des petites charrettes tirées par un cheval. Le plus cocasse étant de voir des cyclistes pédalant en tenant par un licou leur petit cheval qui trottine derrière eux, un peu comme un chien en laisse. Arrivés à Nueva Gerona, ces attelages remplacent les fiacres que l'on voyait à La Havane et rivalisent avec les cyclotaxis pour le transport privé des gens, le nombre de voitures américaines étant très limité. Fernando, notre chauffeur, nous dépose au bord d'une rue commerçante piétonne assez agréable où nous pouvons changer un peu d'argent et faire quelques menues emplettes, comme de la farine, du sel et du lait concentré. Une heure plus tard, il nous propose le choix d'aller déjeuner soit à la playa, soit dans une "casa particular"; c'est ce dernier choix pour lequel nous optons, tout en lui demandant de nous montrer la playa où nous prenons un Mojito qui, bien que servi dans des gobelets en plastique, est le meilleur que nous ayons bu. Quand Fernando s'arrête devant la casa particular, nous doutons un instant d'avoir fait le bon choix, car on ne voit que deux maisons en chantier qui entourent un couloir sans charme que nous empruntons. Heureusement, une fois à l'intérieur nos doutes s'envolent à la vue d'une petite salle sobrement mais joliment décorée qui abrite 2 tables de 6 déjà occupées et une de 4 que nous investissons. Le menu est à 5 Cuc et nous pouvons choisir entre du bœuf, du poisson ou du porc, accompagnés de différents légumes locaux; avec Fernando qui est notre invité, nous expérimentons les trois plats et en sommes ravis: ils sont délicieux. Pendant le repas, nous en profitons pour interroger Fernando sur sa vie à Cuba; il en semble assez satisfait, bien qu'il nous avoue que s'il en avait la possibilité (les cubains n'ont pas le droit de voyager, ni même de changer de province sans qu'on sache vraiment pourquoi: peut-être s'agit-il simplement de faciliter la gestion des tickets de rationnement ?) il irait essayer de faire sa vie ailleurs. Après le repas, nous avons quelques fruits et légumes à acheter et nous nous félicitons de nouveau d'être accompagnés, car il nous emmène pour chaque chose dans un endroit dont nous n'aurions même pas pu  imaginer que ce soit un commerce. Au total, nous aurons passé en sa compagnie un très agréable dimanche, ce dont nous le remercions lorsqu'il nous raccompagne à la marina où il doit récupérer les plongeurs qu'il a amené le matin.

 

2014

 

2014

 

2014

 

2014

 

2014

2014

2014

2014

2014

2014


Publicité
Publicité
Commentaires
T
C'est rigolo, tous ces moyens de locomotion!hier, nous on a fait un tour de charrette à boeuf, terrible/ biz
Publicité