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Madoukera au fil des vagues...
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26 mars 2014

Archipielago de los Colorados

2014Nous finissons par nous arracher aux charmes de La Havane et quittons la marina Hemingway le 26 mars, après une escale de 9 jours. Etant dans l'impossibilité d'accéder à Internet pour consulter la météo (il n'y pas d'accès Internet à la marina, sauf à l'hôtel dont nous empruntons le bus et dont les 2 vieux PCs disponibles sont en panne, mais sans wifi, sans possibilité de télécharger des gribs ni d'accéder à la majorité des sites US), nous devons faire confiance au ripou de capitaine de port qui nous affirme que ce sera bon pour nous, alors même qu'il n'a réussi à accéder qu'aux prévisions... valables pour la Floride. Heureusement que j'ai conservé les 2 ris dans la grand voile pris au départ de Key West (interdit de rigoler Nicolas et Erick !), car si les premières heures de la matinée se passent bien, vers midi un coup de vent de norte (très fort vent du nord)  pointe son nez, atteignant rapidement les 35 noeuds dans les rafales, ce qui fait qu'on renonce à l'escale prévue de Cayo Paraiso, pour rentrer précipitamment dans Baya Honda. Malgré la voilure réduite, nous rentrons à 9 noeuds dans cette baie, large et bien balisée, mais ouverte au nord. Nous passons sans pouvoir nous arrêter devant la Guardia Frontera pour aller nous réfugier dans une petite enclave derrière des hauts fonds à l'est du bout de la baie, l'Ensenada Teresa, où nous ne sommes théoriquement pas autorisé à nous arrêter, mais la mer est trop grosse dans la baie pour qu'il soit possible de s'y arrêter. Une fois dans ce petit havre, on peut mouiller au calme près d'une ferme (il s'agit d'un simple bâtiment sur pilotis)  d'élevage d'huitres de palétuviers. Nous en profitons pour faire une petite sieste qui est interrompue (après plus d'une heure quand même) par un appel: il s'agit du garde frontière qui est vient de faire 3/4 d'heure à la rame contre le vent pour traverser le lagon et nous contrôler. Est-ce lié au mauvais temps, à un abandon de l'activité commerciale de la baie ou est-ce dû à un assouplissement de la réglementation ? Toujours est-il qu'il ne nous fait aucune remarque concernant notre chois de mouillage et que le contrôle lui-même est bon enfant. Il en repart satisfait de la bière que nous lui avons offert et du stylo qu'il nous a demandé (un simple bic), en nous laissant notre despacho, formulaire qui nous est remis après notre entrée internationale officielle et que l'on doit faire remplir à chaque entrée et sortie de port, dûment rempli. On le regarde presque avec tendresse repartir faire son exercice d'aviron, sur sa barque sommaire en bois dont les dames de nage sont des bouts de ficelle...

2014Le lendemain matin le vent s'est un peu calmé et, bien que la mer reste formée, nous levons l'ancre en direction de Cayo Levisa que nous atteignons en milieu d'après midi. Cayo Levisa, c'est un ilot de quelques miles de large, bordé au nord d'une belle plage de sable d'un blanc immaculé devant laquelle se trouve un hotel et au sud par une mangrove dans laquelle nous mouillons à côté d'un autre bateau, un ketch bleu ciel avec un roof aux formes rectangulaires battant pavillon anglais. Les formalités faites avec le capitaine du port (le port, c'est simplement l'appontement réservé à la navette de l'hôtel) qui vient exprès du continent et garde notre despacho, ce qui nous oblige à différer notre départ, car il faut qu'il revienne par la navette à une heure autour de 8 heures (en fait après 9h) pour en remplir la case départ. La journée que nous passons à cayo Levisa est bien employée: réparation de la pompe à eau de mer de l'évier, petit tour en haut du mât pour rattacher un lazy-jack qui s'était coupé lors du bord d'essai entre Fort Lauderdale et Miami, recherche de la raison pour laquelle l'alternateur du moteur ne chargeait plus les batteries et autres bricoles. En fin de journée, l'équipage du bateau anglais "Sandpepper" (petit échassier, sorte d'huitrier), Ruppert et Dorry (qui ne sont pas anglais mais gallois - nuance-), vient nous rendre visite et nous sympathisons. Apprenant que le capitaine de port reviendrait le lendemain pour nous, ils décident  d'avancer leur départ pour nous accompagner. C'est ainsi que nous nous retrouvons le soir suivant à Cayo Jutias (Jutias est la version espagnole de l'agouti, ce gros rongeur  fauve qui faisait courir notre chienne Thalassa lorsque nous étions en Guyane). Cette fois nous mouillons devant une immense plage bordée de filaos, ce qui nous change des palétuviers. Nous la parcourons avec d'autant plus de plaisir que cette caye est inhabitée, donc sans guardia frontera et sans capitaine de port... Un apéritif plus tard prit avec nos nouveaux amis et nous décidons de concert de nous retrouver à l'étape suivante fixée à Cayo Rapido Grande, une trentaine de miles plus loin.

2014Bien que partis une heure plus tard qu'eux, nous arrivons une heure et demi avant (non sans avoir un peu caressé les fonds sur un banc débordant d'un mile de plus que sur la carte), ce qui est normal, vu que notre voilier est un peu plus grand  de 3 pieds, plus récent, mieux toilé et plus rapide au moteur. Cayo Rapido Grande est de nouveau une caye où nous sommes entourés de palétuviers où nous sommes le festin des moustiques... En les attendant, nous en profitons pour échanger avec des pêcheurs 3 beaux poissons (un mérou, un vivaneau et un perroquet) contre une demi bouteille de rhum. Quand ils arrivent, ils se fient à leur tirant d'eau très faible de 4 pieds (c'est un dériveur lesté à quille longue à peine formée)  pour se glisser entre nous et la terre. Malheureusement, nous nous étions mouillés sous le vent d'un haut fonds d'un mètre dix sur lequel ils s'échouent tellement candidement qu'il leur est impossible de s'en tirer au moteur. Il nous faudra près de 2 heures pour les aider à réussir à se déséchouer en portant une ancre sur le côté arrimée à une drisse, puis une autre en arrière, mais reprise sur l'avant pour faire tourner le bateau, sans compter l'aide des quelques centimètres de marée montante résiduelle. En fin de compte, tout se termine au mieux et ils peuvent aller se réancrer à un meilleur emplacement . Après tous ces efforts et une bonne nuit de repos, il ne nous reste plus qu'à aller fêter ça sur leur bord autour d'un mojito suivi d'un délicieux curry de perroquet agrémenté de bananes pays préparé par Dorry.

2014Nous en apprenons un peu plus sur leur compte, nous ne savions jusque là qu'une chose, c'est que les gallois n'aiment pas beaucoup les anglais et qu'ils vont suivre de près les résultats du référendum séparatiste de l'Ecosse qui doit avoir lieu en fin d'année. Dorry est illustratrice (c'est elle qui a fait par exemple la couverture de la version anglaise du livre d'Amin Maalouf "Origine" que je suis justement en train de lire)  et Ruppert est directeur artistique dans le cinéma (il s'est occupé entre-autres de la partie Londonienne du film "Mes amis, mes amours", tiré du livre de Marc Levy). Ils ont acheté leur bateau aux Etats Unis il y a une dizaine d'année et vivent dessus en alternance depuis, dont 4 ans à Jacksonville pour y faire des réparations; quand nous les avons rencontrés, ça faisait déjà plus de 2 mois qu'ils étaient à Cuba, passés essentiellement du côté de Varadero, 80 miles à l'est de La Havane. Nous décidons d'une dernière escale en commun à Cayo Lena, tout juste à quelques miles avant le Cabo San Antonio,  car après ils partent vers le Mexique alors que nous, nous contournons le cap pour longer la côte sud de Cuba. Pour pouvoir faire voile vers le Mexique, ils doivent d'arrêter à Los Morros pour faire leurs formalités de sortie de Cuba, alors que nous nous allons passer au large pour rejoindre Maria la Gorda au tout début de la côte sud. Les 40 miles qui nous séparent de Cayo Lena se font entièrement sous la protection de cayes distantes de quelques miles, ce qui rend la navigation très agréable avec de belles couleurs d'eau, avec comme unique incertitude la multitude de têtes coralliennes qui apparaissent sur la carte, mais qui s'avèrent toujours recouvertes d'au moins 3 mètres d'eau. Petit détail sur cette étape, nous y croisons un caboteur cubain, le seul en 200 miles de navigation, les autres bateaux croisés étant 2 voiliers canadiens ! Nous en profitions d'autant plus que c'est notre dernière navigation au portant car après que nous aurons tourné le cap, nous aurons fini de nous éloigner de la Guadeloupe et devrons sans cesse composer avec des vents contraires.  Cayo Lena est constituée d'une suite de mangroves séparées par une sorte d'équivalent de notre rivière salée dans laquelle nous mouillons, mais dont le fond est de sable et non de vase et où les yenyens sont moins agressifs. Nous y passons à bord de "Madoukera" notre dernière soirée avec nos si charmants nouveaux amis.

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Commentaires
R
Et la liste de nouveaux amis connus en vadrouille se continue. Vous avez quand <br /> <br /> même fait un voyage incroyable. Que de souvenirs amasses.
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