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Madoukera au fil des vagues...
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1 juin 2013

Acklins

2013

 Le départ des Turks and Caicos est émouvant et angoissant. Emouvant car tous nos amis de Manatee, Wayward Wind et Long Legged Lady sont venus à tour de rôle nous assurer de leur amitié, puis nous aider à larguer les amarres; en effet, nos routes de séparent au moins pour un temps, car nous souhaitons profiter de la petite fenêtre météo favorable qui s'offre à nous pour faire la route sud vers Acklins, notre première escale aux Bahamas et qu'ils préfèrent attendre encore pour qu'il n'y ait plus de houle, mais plus de vent non plus. Angoissant, car nous quittons South Side Marina avec la marée haute intermédiaire qui est juste suffisante pour laisser nos 1m70 de tirant d'eau passer au dessus d'un haut-fond de 1m30; on a d'ailleurs caressé légèrement le fond et on a du s'y reprendre à deux fois pour trouver le bon passage, mais on est finalement sortis sans autre problème et à 14h nous étions en route pour le Sand Bore Channel, un chenal peu profond (entre 2 et 4m) d'une douzaine de miles qui permet d'atteindre la pleine mer en passant d'un coup de 3m à plus de 500m de fond. Pendant les 2h30 que l'on passe sur le plateau lagonaire en quittant Provo, on ne se lasse pas d'admirer la couleur turquoise de l'eau dont la teinte est un régal de l'oeil; puis, quand on rejoint la pleine mer, le bleu turquoise se change en bleu intense, le bleu des profondeurs abyssales qui va nous accompagner pendant les 20h suivantes avant que nous atteignions Castel Island, l'ile qui marque la pointe sud d'Acklins. Ce bleu des profondeurs, les tahitiens ont un mot spécifique pour le décrire - Moana- contrairement au français qui n'a pas de mot spécifique et c'est bien dommage !

2013

La nuit vient vite et apporte son lot d'ombres et de formes sombres qui se déploient au dessus de nous, le ciel étant chargé de nuages qui ne laissent passer aucun rayon de la demi-lune qui en plus ne se lève étrangement ce jour là qu'à 1h30 du matin... Il faudra un jour que je m'intéresse à ce mystère, les heures de lever et de coucher de la lune me paraissant relever d'une mécanique totalement incompréhensible. Nous naviguons plein vent arrière sous grand voile seule à un ris, car le génois ne porte pas et refuse de rester en ciseau. En milieu de nuit un changement de direction du vent nous vaut une série d'empannage que nous avons du mal à contrôler, aux effets heureusement atténués par le frein de bôme; une fois la situation rétablie, je constate que le seul bobo concerne le lazy-bag dont le bout principal s'est coupé au niveau des premières barres de flèche: une fois au mouillage, il faudra que je grimpe au mât pour réparer ça. Nous croisons quelques cargos, dont l'un nous passe devant à moins de 2 miles, ce qui est toujours assez impressionnant, surtout de nuit. Au petit matin je mets la ligne (encore une nouvelle, car en partant des Turks et Caicos, une fois encore, une prise sans doute trop grosse a tout emporté) et quelque temps plus tard nous avons l'oreille agréablement flattée par le bruit harmonieux du moulinet sollicité par une prise. La remontée est un peu laborieuse car la bête se défend bien, mais quand enfin elle arrive près du bateau, on a le plaisir de voir émerger la magnifique  couleurjaune citron bordé de leu-vert d'une la daurade coryphène qui, celle-ci, accepte de monter à bord, bien que sans enthousiasme; une belle pièce d'un mètre quinze et d'environ 10 kgs (avec les tripes) qui va nous faire au moins 6 repas... Que demande le peuple ?                       

2013

Un petit bricolage express permet de remplacer le bout défaillant du lazy-bag par le hale-haut de tangon; c'est pas très jojo, mais ça fonctionne: on va donc être en mesure d'affaler la grand voile à l'arrivée sans problème particulier. Une arrivée qui est maintenant proche: il ne nous reste qu'à affronter le passage "Mira por vos" (prenez garde à vous) qui consiste à contourner Castle Island en passant entre l'ile et un tas de cailloux assez éloigné pour ne constituer aucun risque pour qui est équipé d'un GPS. Castel Island est équipée d'un magnifique phare de 34m de haut, mais qui ne fonctionne plus, faute d'entretien sans doute, depuis qu'il a été électrifié. Il nous reste plus ensuite à parcourir la quinzaine de miles qui nous séparent encore du mouillage que nous avons sélectionné, Sugar Cays qui se trouve au sud d'Acklins en direction de Jamaica Cays. Enfin nous pénétrons sur le plateau continental et passons de nouveau en moins d'un mile de 1500 m à 3 m de fond. Les derniers miles se font au moteur à vitesse très réduite dans un étroit goulet qui nous donne l'impression de labourer le fond tellement l'eau est claire. Nous y faisons connaissance avec des sargasses en pleine vie, alors que nous n'en avons vu jusqu'ici que des bancs sans vie. Elles se dressent fièrement verticlement à oartir du fond et il nous faut slaloomer pour les éviter et arriver sans en prendre dans l'hélice. Nous mouillons enfin à un endroit calme, entre les deux pâtés de coraux que nous comptons explorer, les seuls dans cette immense étendue de sable. Dès l'ancre crochée, on a presque l'impression d'être posé à terre tellement le contraste est grand avec les effets de la houle scélérate qui nous a tant fait rouler pendant les dernières 24h...

2013

Après l'apéro de bienvenue suivi d'un bon déjeuner (de daurade évidemment) et une petite sieste réparatrice (de plus de 2h quand même !), constatant que malgré l'heure tardive le soleil est encore haut, je décide de me plonger dans l'eau pour me détendre un peu. Au moment de me mettre à l'eau, première bonne surprise, je m'aperçois qu'une raie est là à nous attendre, juste sous la jupe arrière, en guise de comité d'accueil. C'est une grande raie pastenague, que je n'ai bêtement pas pensé à photographier, qui présente bien des différences par rapport à celles des Petites Antilles: sa queue est plus courte et est équipée d'une sorte de longue nageoire; elle ne semble pas être "armée"; le bout de son corps fait deux larges boucles avant de se rattacher à la naissance de la queue et l'espace libre ainsi défini est occupé par deux volutes plates qui s'articulent indépendamment des grandes ailes du corps. Ca lui permet des mouvements ondulatoires du meilleur effet et lui permet également de faire des marches arrières quand la curiosité lui dicte de retourner voir les drôles d'animaux à palmes jaunes qui la suivent. Elle semble particulièrement apprécier la chaîne d'ancre sur laquelle elle vient se frotter régulièrement le ventre: chacun son truc... Je l'abandonne enfin pour une petite nage vers le rivage qui est bordé d'une bande de rochers couverts de coraux. Et là, c'est encore un enchantement: dès que j'approche de la frange corallienne, je vois deux grandes carangues (jack) jaunes qui me croisent à bonne allure, puis une kyrielle de poissons de roches, peu farouches et dans des dimensions que je n'avais jusqu'alors vu qu'aux Roques et enfin un grand baliste bleu d'une taille double de celles que j'avais vu jusqu'alors, se déplaçant très rapidement le long de la plage, avec cet aérien mouvement alterné des seules nageoires arrières qui est caractéristique de cette espèce; une nouvelle fois je regrette de ne pas avoir pris la petite caméra sous-marine.

2013

Ce mouillage est si beau, si calme et si conforme à nos aspirations que nous décidons d'y rester une journée complète avant de reprendre notre route pour Clarence Town, sur Long island, où nous comptons faire nos formalités d'entrée. Dès le réveil quelque peu tardif c'est parti pour un premier safari photo aquatique de plus de 2h. Nous commençons par les cayes isolées qui jouxtent le bateau et c'est déjà un nouvel émerveillement: l'extrême transparence de l'eau nous permet d'admirer des poissons anges, du jeune ange royal aux majestueux anges gris en passant par l'ange caraibe (rock beauty), toutes sortes de petits poissons de roche, de beau barracudas et des mérous dont un, corps clair tigré de marron (longitudinalement sur la tête et transversalement sur le corps) que nous n'avions encore jamais vu et qui s'avère être le mérou de Nassau, dont le nom laisse présager être une espèce spécifique des Bahamas. Pause déjeuner (daurade au coco cette fois) et sieste, et c'est déjà le moment de faire le singe en grimpant au mât pour repasser le bout coupé et le rattacher à la partie encore en place qui a eu la bonne idée de s'entortiller autour de la drisse de génois de secours, ce dont je lui suis très reconnaissant, car ça m'évite d'avoir à monter jusqu'aux 2èmes barres de flèches; je peux rester au niveau des 1éres sur lesquelles je travaille assis, ce qui ne présente aucun danger. Après ce petit exercice de mise en forme qui me laisse quand même les jambes flageolantes, c'est reparti pour un deuxième safari, sur la bande côtière cette fois, qui nous permet d'immortaliser, au milieu des sargasses qui se dressent du fond vers le ciel, des pagres jaunes (snapers), un daubanet (saucereye porgy - ressemble à une carangue à dos jaune et nez très busqué), diverses gorettes (grunt) dont de belles gorettes bleues (bluestriped) et noires (cottonwick), des cardinaux (squirelfish) peu farouches (ce qui est rare), des petits poissons écureuils, un poisson crapaud (à la forme étonnante, 4 nageoires en forme de petites pattes ramassées) et même une mue complète de langouste royale (mais sans la moindre trace de la langouste propriétaire). Un nouvelle fois j'aperçois un baliste (triggerfish) bleu qui traverse à toute allure en arrière plan, mais trop vite et trop loin pour que je puisse fixer son image... peut-être un autre jour dans une autre ile.

2013

Cet endroit isolé du monde nous laisse une impression de paradis: nous sommes le seul bateau au milieu de nulle part, devant nous une plage entrecoupée de rocailles qui s'étend à perte de vue, sans aucune trace d'habitation, ni même de vie aussi loin que nos yeux perçants (ou qui l'ont été pour moi et qui le sont devenus pour Marie Ann depuis son opération...) puissent discerner quoi que ce soit. Mais le paradis à un prix, et celui-ci ne déroge pas à la règle: le vent est maintenant tombé et des marais qui se cachent derrière la ligne claire de la plage déboulent une nuée de moustiques qui nous gâchent notre dernière soirée, nous obligeant à nous replier dans la cabine avec une bougie anti-moustique; le simple temps qu'il m'a fallu pour rentrer notre route du lendemain dans le GPS m'a valu un bon chapelet de piqures urticantes au plus haut point... grrrr ! En début de nuit, on a pu apercevoir, zébrant le ciel d'une lumière aveuglante, une succession d'éclairs, un toutes les deux ou trois secondes pendant un bon quart d'heure, mais sans le moindre coup de tonnerre et sans être accompagnés de pluie : c'est sans de ce phénomène dont nous ont parlé nos amis américains en les appelant les éclairs de Floride; nous avions du mal à comprendre de quoi il s'agissait, mais maintenant on s'en fait une idée plus que claire !

2013

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