Roques: Norinsqui

Comme nous devrons retourner à Gran Roques dans une dizaine de jours pour y accomplir les formalités de sortie, nous décidons de faire le tour complet par l’est, ce qui nous fait emprunter le passage de Sebastopol, une passe très étroite entre le grand plateau intérieur (en gros 20 miles de long d’est en ouest sur 10 miles de large du nord au sud) et des bancs de sable affleurant ou des cayes. N’ayant d’autre carte utilisable que celle du guide papier Doyle, puisque nos deux traceurs de cartes électroniques, celui du GPS, utilisant les cartes CM93, et celui de l’application Navionics de notre Ipad, estiment le passage impossible du fait de trop faibles profondeurs, nous jugeons nécessaire pour s’y lancer d’attendre une meilleure météo que celle prévue pour les jours à venir, des vents de 20 à 25 nœuds.

C’est ce qui explique que nous choisissons de commencer notre tour par l’est par une petite incursion de deux jours vers l’ouest, à Noronsqui… D’autant que le détour n’est pas grand, moins de 4 miles et nous fait gagner quelques miles dans le sud. 4 miles, c’est peu, mais c’est suffisant pour nous permettre de remarquer que la zone semble dépourvue de sargasses, ce qui nous permet de mettre la ligne de pêche à l’eau et d’être payés en retour à peine un quart d’heure après par le joli tintement annonçant une prise ! Un beau thon albacore a eu la bonne idée de mordre à l’hameçon et de se laisser gentiment remonter à bord. Même si ce n’est pas un géant, il aura l’honneur de nous accompagner pendant 4 repas à deux (soit 8 portions individuelles),accomodé à la tahitienne, aux olives, à la sauce coco et à la mode de Nouvelle Angleterre ( bacon, tomates, citron , crème), ce qui l’a certainement comblé de joie J ! En tous cas, ça nous a agréablement amélioré nos menus, amélioration que la densité des Sargasses nous avait refusée jusqu’alors : cette année l’invasion des sargasses a été telle qu’en Guadeloupe par exemple elles ont totalement envahi une bonne partie des plages et la majorité des petits ports de pêche, y bloquant la plupart des barques.

Noronsqui est un petit atoll formé de 3 petits ilots disposés à l’ouest, au sud et à l’est reliés par des bancs de sable semés de nombreuses patates, et fermé au nord par une succession de cayes affleurantes. Seul le banc de sable du sud ouest entre Noronsqui del medio et Noronsqui del oeste, exempt de patates, présente une profondeur suffisante d’un peu plus de 3 mètres pour fournir une passe d’entrée suffisante pour le passage d’un voilier comme le nôtre. Ca en rend l’entrée un peu longue en venant de l’est, car nous devons d’abord longer les ilôts par l’extérieur pendant 1,5 mile pour atteindre la passe, puis parcourir la même distance à l’intérieur avant de pouvoir mouiller par 10 mètres de fond devant la plage de cayo del este. Le parcours intérieur nécessite une bonne visibilité (idéalement obtenue entre 10h et 14h quand le soleil est proche du zénith), car le chemin est truffé de hauts fonds qu’il faut contourner, se détachant heureusement assez bien, du fait de leur couleur émeraude tirant sur le jaune selon leur distance de la surface, tranchant franchement avec le bleu profond ( moana) des fonds de 15 à 20 mètres que nous empruntons pour nous faufiler vers la zone la mieux protégée.

Malgré sa proximité de Gran Roque, la magnifique plage n’est que peu fréquentée par les touristes à la journée et la présence à nos côtés d’un voilier charter (un oceanis 42 de toute première génération qui porte bien ses 30 ans de navigation), discrets les uns et les autres, ne perturbent d’autant moins notre «solitude » qu’ils s’en vont le soir venu. Nous profitons de cette escale forcée pour aller explorer les fonds proches, essentiellement des patates, et nous ne sommes pas déçus, car ils sont très poissonneux, y compris un petit thazard, poisson que nous n’avions vu jusqu’ici qu’au bout de notre ligne !

Comments

[rochelle]

Quelle belle aventure vous vivez. J'en suis jalouse. R.