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Madoukera au fil des vagues...
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28 mai 2013

Turks et Caicos

 

Partis avec près d'une heure de retard sur les bateaux amis, Manatee et Wayward Wind, et toujours avec un ris dans la grand voile, nous déroulons le génois complet et commençons doucement à les remonter. Il est vrai que Manatee est plus court et plus lourd que M2013adoukera et que Wayward Wind, bien que plus long, ne peut utiliser sa GV qu'au 3ème ris du fait qu'elle s'est déchirée entre le 2ème et le 3ème ris; il est aussi vrai que notre allure est vent de travers et que Madoukera affectionne cette allure. En 3h à une vitesse entre 7 et 8 noeuds nous les avons remontés et 3 heures plus tard nous sommes à plus de 3 miles devant. Pour rester groupés, il faut que nous réduisions notre vitesse à 6,3 noeuds: nous prenons d'abord 2 tours de rouleaux sans que ça change significativement notre vitesse, puis 4 tours sans autre effet, puis nous réduisons encore pour ne laisser que le tiers de la toile et devons finalement nous résoudre à tout rouler pour enfin rentrer dans le rang... La nuit se déroule ainsi agréablement, entrecoupée de petites conversations à la VHF et avec la vision réconfortante des petites lumières des autres voiliers sur l'horizon; en revanche j'ai la confirmation que nos feux de navigation, en gros à hauteur de pont, donc très bas sur l'eau, sont totalement invisibles, ce qui les rend inutiles, sauf de très près; nous les remplacerons désormais par le feu de mouillage, situé en haut du mat, qui est beaucoup plus visible et tire 3 fois moins sur les batteries ! C'est la première fois que nous naviguons avec d'autres voiliers et nous trouvons ça plutôt sympa. En fin de nuit le vent tombe un peu et nous passons à moins de 5 noeuds ce qui permet aux autres voiliers, qui ont mis le moteur, de revenir sur nous et de reprendre la tête. Nous déroulons alors le génois ce qui nous permet de rester au même niveau.

2013

A 8h le 26 mai, nous arrivons ainsi à French Cay, le petit îlot corallien qui marque l'entrée sur le plateau continental, qu'on pourrait qualifier de lagonaire car d'un coup les fonds sableux remontent à 3-4 mètres, ce qui lui donne cette magnifique couleur turquoise dont on n'arrive pas à se lasser. Nous sommes tellement subjugués par la beauté du site que nous décidons d'y faire halte pour une petite exploration des fonds. Nous mouillons devant l'îlet, mais il s'avère qu'il est trop bas pour offrir une bonne protection au vent qui est revenu en force et lève un clapot très désagréable. La chaine d'ancre donne des à-coups très rudes et nous devons nous rendre à l'évidence: il est impossible de rester mouiller ici. Du coup nous remontons l'ancre et rejoignons nos amis qui sont déjà en route pour South Side Marina, au sud ouest de l'ile Providenciale, dite Provo, la seule ile habitée des Caicos. Cela signifie parcourir une quinzaine de miles en naviguant à vue entre les patates sur ces fonds qui oscillent entre pas grand chose et presque rien, tout en maintenant une vitesse soutenue de plus de 5noeuds pour arriver à marée haute dans la marina dont le chenal d'accès ne laisse que 1m30 à marée basse. Pour nous qui n'avons pas de radar et qui sommes gênés par le clapot pour voir les fonds, l'expérience de 2h30 dans ces conditions est quelque peu traumatisante, d'autant qu'au final on arrive un peu trop tard et devons mouiller sans protection à l'entrée du chenal pour attendre la marée suivante, alors que nos amis peuvent rentrer sans problème, car leurs voiliers ne calent qu'1m50, Manatee du fait de sa quille longue et Wayward Wind du fait de sa quille à ailettes.                     

2013

La marée suivante est à 22h et nous n'aurions pas tenté le coup si Bob, le propriétaire de la marina, ne nous y avait fortement incité. Rentrer de nuit dans une marina, alors que la lune est masquée par les nuages,  par un chenal dont la bouée marquant le principal haut-fond est détruite et dont l'accès final entre deux rives, ne dépassant qu'à peine le niveau de l'eau, n'est pas même balisé, provoque une forte montée d'adrénaline... C'est une expérience particulièrement angoissante que je ne souhaite à personne. Si l'on ajoute qu'au dernier moment une voiture est venue nous gâcher les yeux (nous altérer la vision) en nous éclairant plein phare alors que j'avais déjà du mal à situer un ponton fantome non éclairé : on a alors une petite idée de la raison pour laquelle mon coeur battait à tout rompre et mes jambes flageolaient tant qu'elles semblaient ne plus pouvoir me porter ! Mais le comité d'accueil était là, attrapant les amarres et s'en occupant, me permettant ainsi de me concentrer sur le seul positionnement du bateau, tâche déjà suffisamment ardue. Tout s'est donc finalement bien passé et tout le monde a pu repartir se coucher pour commencer (ou terminer pour certains) une nuit sereine, bien à l'abri dans ce petit nid, loin du sifflement entêtant d'un vent déjà très fort.

Au matin nous parcourons le ponton (il n'y a qu'un seul ponton le long de la rive) et apercevons "Long-legged Lady" un trawler que nous avions déjà remarqué à Samana. Le capitaine sort à ce moment là et nous engageons une conversation qu'il nous invite à poursuivre à son bord autour d'un vin français, le must pour un américain (à juste titre d'ailleurs - cocorico -). Wayne et Diane sont retraités depuis une dizaine d'années, lui était cadre dans une banque et elle prof de français. Depuis leur retraite ils ont abandonné le voilier pour le trawler et voyagent ainsi la moitié de l'année. Nous leur faisons part de notre désir de louer une voiture pour visiter l'ile et ils nous proposent de partager avec nous, ce qui nous fait bien plaisir, car nous avions au départ penser le faire avec Linda et David, mais ils sont bloqués au ponton dans l'attente du siphonage d'un de leur réservoir de carburant qui a pris l'eau. David est un ancien avocat de San Francisco dont le cabinet s'est spécialisé dans la clientèle asiatique après qu'il ait pensé à prendre un nom chinois et il a déjà fait un tour du monde en voilier de 3 ans avec sa précédente épouse et leurs enfants; Linda était enseignante et a passé une partie de sa carrière en Syrie et au Japon. Tous deux sont des personnes avec lesquelles il est très intéressant de converser, tant ils ont vécu d'expériences.

2013

Le soir, c'est à dire à 17h car les américains dinent autour de 18h, beaucoup plus tôt que les français, tout le monde est convié à un "happy hour", suivi d'un barbecue dans le carbet bar de Bob, dont la particularité est que chacun amène ses victuailles et son couvert. David et Linda ont péché un grand thon jaune pendant la traversée et le cuisinent pour nous, ce qui fait que nous n'avons à nous préoccuper que de l'apéritif: ti punch pour tout le monde ! En fait l'happy hour est un rituel quotidien dans la marina de Bob, ça doit être une habitude très british, car les Turks et Caicos sont des îles appartenant à la couronne britannique, bien qu'utilisant l'USD et non la Livre comme monnaie locale. Bob, quoique canadien d'origine, fait plus anglais qu'un anglais, tant dans sa présentation que dans sa manière d'être. Et puisque nous sommes scotchés par le mauvais temps dans la marina, autant qu'on y prenne du bon temps ! Autour d'un verre les conversations vont bon train et je commence à me débrouiller un peu mieux en anglais; en début de soirée je comprends à peu près tout, mais après quelques heures je commence à ne plus pouvoir me concentrer assez pour suivre toutes les conversations : la fatigue due à la concentration nécessaire ou les vapeurs d'alcool ? Toujours est-il que cette longue escale forcée nous permet de faire le plein de victuailles dans le grand supermarché local, offrant des produits de bonne qualité quoique très chers, que nous visiterons quand même 3 fois en 5 jours, quelque chose étant toujours manquant. 

2013

Provo est en quelque sorte le Saint Bart du coin, en plus grand et en version anglo-saxonne, c'est à dire avec toutes les plages de la côte nord bordée d'hôtels luxueux avec des restaurants dans lesquels on sert des salades et des sandwichs le midi et des plats pompeux mais plus raffinés le soir. Heureusement il existe quelques exceptions comme le petit resto à Turtle Cay où nous avons tous été un soir manger des ribs (c'est mon péché mignon) qu'on m'a obligé à manger avec mes doigts, beurk, pour que je montre mon adaptation aux coutumes barbares de nos amis américains. La visite de lîle nous fait d'abord découvrir des paysages proches de ceux de Bonaire (voir la croisière précédente) car l'île manque d'eau et la terre est aride, les cactus en moins et les hôtels en plus. Wayne qui connait déjà l'endroit où il est venu plusieurs fois est au volant et nous conduit (à gauche of course) le long de la côte nord dont la partie est ouest est sauvage et la partie est invisible du fait de la densité des hôtels (Provo offre 3 000 chambres d'hôtels pour 13 000 habitants, ce qui est plus qu'en Guadeloupe qui compte 420 000 habitants). Cette première partie de la visite est un peu gâchée par une pluie incessante et se termine... au supermarché. La deuxième partie le long de la côte sud ouest alors que le soleil commence à pointer son nez est beaucoup plus attrayante, car on emprunte une route qui d'un côté est bordée par la mer et de l'autre longe un immense lagon intérieur dont les couleurs sont à couper le souffle: le turquoise intense des eaux peu profondes sur fond herbeux tranche avec les verts soutenus de la myriade d'îlots qui le parsèment. Pour finir nous longeons Silly Creek dont le nom est assez amusant: peut-être qualifie-t-il les premiers habitants qui ont eu l'idée de s'installer là, dans un milieu ne présentant d'autre ressource que celle d'une vue splendide. Nous remarquons tout le long de la route  des villas, dont une bonne partie est  imposante, sans charme et avec une toiture en assez mauvais état, est à vendre: un effet secondaire de la crise financière actuelle ou un soudain désintérêt pour un lieu passé de mode au profit d'un autre plus branché ?

2013

Cela fait déjà 5 jours que le mauvais temps nous bloque ici, et bien qu'on ait connu pire, on a envie de bouger. Tant pis pour les plongées que nous espérions faire dans ces eaux si réputées, ce sera pour une autre fois car les gribs (cartes générales de prévisions météo que l'on peut télécharger sur le net) laissent apparaître une petite fenêtre que nous comptons mettre à profit pour nous rendre aux Bahamas. Pourquoi les Bahamas alors que notre projet initial aurait dû nous faire partir sur Cuba ? Tout simplement parce qu'on est le dernier jour de mai, ce qui ne nous laisse plus assez de temps pour pouvoir visiter Cuba qui est la plus grande des grandes Antilles, et sur laquelle nous aimerions pouvoir passer au moins un mois. Comme entre temps on a obtenu notre "cruising permit" d'un an pour les eaux US et qu'à Samana l'équipage de l'un des deux bateaux français qui s'y trouvaient à notre arrivée, "Soleil", l'Allure 45 alu que nous avions déjà rencontré à Virgin Gorda, nous a parlé d'une marina jouissant d'une excellente réputation en matière de sécurité à un prix très raisonable, accessible par un canal, à Indian Town en plein milieu de la Floride, où l'on pourrait laisser le bateau à sec en toute quiétude pendant la saison cyclonique. On s'est orienté vers cette option; ça nous permettra d'une part de visiter les Bahamas que nous aurions été obligés de squeezer sans ça et d'autre part de prendre notre temps pour visiter Cuba qui sera notre première et principale destination pour la saison prochaine. En échange de la promesse d'un hivernage en Floride, Marie Ann s'est engagée à apprendre l'espagnol entre temps; je demande à voir, mais j'espère que la promesse sera tenue, car je ne suis vraiment pas doué pour les langues ! Avant de nous laisser appareillera pour les Bahamas, Rod et Wayne m'ont chacun montré les meilleurs mouillages et prodigués toutes sortes de conseils qui seront les bienvenus en temps utile, ce dont je les remercie... Il est temps désormais de partir !

2013

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