Cayo Largo

Un saut de puce de moins de 35 miles en slalomant entre la ligne de caye et les hauts fonds de la côte, tout en appréciant la compagnie des dauphins qui sont venus jouer avec notre étrave, nous amène non loin de Cayo Largo devant la caye Hijo de Balenos où nous avons d'abord l'intention de passer la nuit, mais c'est tellement rouleur qu'on change d'avis, nous contentant d'une longue plongée au milieux d'un univers corallien grandiose:  c'est la première fois depuis le départ que les conditions et l'endroit se prêtent à un bon snorkeling et nous ne sommes pas déçus ! Nous continuons donc dans la foulée vers Cayo Largo, où nous n'avons pas a priori l'intention de nous éterniser, attendu que c'est l'île la plus touristique de Cuba et qu'elle comporte de nombreux hôtels. Mais c'est sans compter sur sa beauté: l'île est réellement magnifique, à commencer par le mouillage entre deux fonds-blancs (langue de sable affleurante). De plus les hôtels sont situés à une trentaine de kilomètres du mouillage, donc nous ne sommes pas gênés par la présence de envahissante de touristes du côté de la marina. La marina elle-même est plutôt sympa, très protégée car enclavée entre deux ilots au fin fond d'une baie elle-même derrière des récifs, et bien conçue avec des pontons flottants, un bar et une petite boutique peu achalandée, mais comme le guarda ne nous demande pas de visiter le bateau, nous restons au mouillage en nous extasiant heure après heure sur sa beauté époustouflante. Beauté qui attire beaucoup d'autres bateaux, d'autant plus que c'est un des rares ports d'entrée internationale (le troisième seulement en déjà plus de 500 miles autour de Cuba, et encore en comptant la marina Hemingway). Nous en profitons pour faire prolonger notre permis de séjour qui expire dans deux jours, car si le despacho (permis de naviguer en eaux cubaines) du bateau est valable 3 mois, celui des personnes n'est valable qu'un mois renouvelable une fois, exceptionnellement deux... Un mois déjà que nous sommes à Cuba et nous n'avons fait que le tour de la pointe ouest pour nous retrouver à peu près à la même latitude que La Havane, mais au sud toutefois !

Les couchers de soleil sont réellement sublimes à Cayo Largo et font d'ailleurs l'objet de "sunset cruise" pour les touristes, un petit tour d'une heure en bateau en s'extasiant sur les teintes successives de rouge en attendant le mythique rayon vert (bien visible à cet endroit), et aussi d'une version un peu plus inhabituelle, la même chose mais en avion. Un petit biplan antédiluvien qui doit dater le la dernière guerre passe et repasse au ras de l'eau, très (trop à mon avis) près des bateaux au mouillage, sans doute pour ajouter un zeste de sensations fortes (mais en prenant bien des risques), en virevoltant d'une aile sur l'autre jusqu'au coucher du soleil, bravant deux interdictions, celle de voler après le coucher du soleil et celle de voler à moins de 300 pieds (si je ne m'abuse). Quoi qu'il en soit, nous saluons chaque coucher de soleil, nous en aurons trois, d'un petit Mojito à la santé de Cuba, des cubains, de la famille et des amis ! Du fait que l'ile est très touristique, nous tentons une nouvelle fois notre chance pour essayer d'avoir un accès Internet wifi et prenons le car pour un hôtel où il semble qu'il y en ait un. Nous arrivons à l'hôtel à midi et décidons de s'y offrir un déjeuner; quand nous demandons si on peut y manger, la seule chose qu'on nous répond, c'est que tout est inclus (selon la formule américaine "all inclusive" qui veut qu'on paye une fois pour toute par avance et qu'après on consomme sans compter); et quand on  veut payer, même chanson, ce qui fait qu'on aura mangé à l'oeil, invités involontaires des clients réguliers de l'hôtel que nous remercions chaleureusement ici. Pour Internet, le miracle se produit: on peut y acheter une carte même sans pouvoir donner de no de chambre et ils ont le wifi (c'est la première fois qu'on y a accès); dommage que ce soit la batterie de mon ordinateur portable, insuffisamment chargée, qui arrête notre élan et retarde encore la publication de nos aventures cubaines...

Notre prochaine étape est prévue à Cienfuegos à 80 miles de Cayo Largo et nous devons opter pour y aller entre partir le soir et y aller d'une traite pendant ou la nuit ou y aller en deux étapes en s'arrêtant à Cayo Sal, une petite caye située à une trentaine de miles sur l'extrémité est du plateau sur lequel se termine l'archipel de Canarreos. Comme nous serons demain le 15 avril, je laisse Marie Ann prendre la décision en l'honneur de son anniversaire. Et c'est l'étape à Cayo Sal qui remporte la mise. Cayo Sal apparait d'abord comme un simple ilot rocheux battu par le vent devant lequel nous mouillons dans 4m d'eau, mais quand nous le contournons en annexe, nous découvrons une petite lagune entourée d'une savane des pétrifications (nom donné en Martinique à ce genre de formation rocheuses aux formes très coupantes, sauf erreur de ma part). Comme les fonds sont insuffisant même pour une annexe, nous entreprenons d'en faire le tour à pied, mais nous devons vite renoncer, car soit nous passons sur ce qui apparait comme la plage, mais qui est en fait un mélange de sable et de vase dans lequel on s'enfonce jusqu'au genoux, soit nous tentons une approche plus à l'intérieur, mais alors on se tord les pieds en plus de se le couper. Nous y apercevons l'épave d'un voilier qui est venu s'échouer là on ne sait trop comment, sauf à penser à un équipage qui s'est endormi sous pilote automatique ! Pour nous remettre de nos émotions, nous terminons par une petite plongée le long de la côte où nous apprécions l'extrême limpidité de l'eau, la beauté de la caye et des poissons qu'elle participe à nourrir. Nous repérons de belles langoustes, mais nous les laissons tranquilles, n'ayant pas encore envie d'en remanger après la cure des jours précédents; ça fait un peu snob, mais c'est pourtant vrai...